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Notre regard

Athènes | Ferrailleur et sans perspectives

Alberto Campi, phojournaliste et Cristina Del Biaggio, géographe, ont effectué en juillet et août 2012, un voyage en immersion à la frontière gréco-turque, que les internautes ont pu suivre sur www.evrosborder.com. De leurs rencontres, ils ont ramené des images, des témoignages, des faits et des émotions, que l’on retrouve dans cette troisième « Carte postale légendée »

Retrouvez l’article sur la Grèce  publié dans Vivre Ensemble n°139

photo: Alberto Campi, Athènes, juillet 2012
Avant d’arriver en Grèce il y a deux ans, ce migrant Mauritanien au grand sourire a vécu deux ans en Lybie. Il a essayé de demander l’asile en Grèce, mais après une série de tentatives qui ont toutes échoué, il a décidé de laisser tomber : « Par fatigue », explique-t-il. 
Maintenant il vit à Athènes, dans un appartement qu’il partage avec huit autres personnes provenant d’Afrique sub-saharienne. Le loyer est de 200 euros par mois, à diviser par 8. Plus l’électricité, l’eau et le chauffage, ajoute-t-il.
Comme beaucoup d’autres migrants, il récolte les déchets dans la rue. Nous le rencontrons alors qu’il est en train d’attacher son chariot à un poteau. C’est son seul instrument de travail, précieux pour lui. Il fait faire beaucoup de tours au fil de fer qu’il utilise comme cadenas.
Il récolte, comme les autres Africains, de la ferraille. Le fer est payé 17 centimes d’euro par kilo. L’aluminium 60 et le cuivre 70. Le papier, payé 6 centimes le kilo, est récolté par les Pakistanais et les Bangladais. Le travail est lourd, car le centre de récolte se trouve loin du centre d’Athènes. Le chemin est rendu encore plus long par les détours que les récolteurs d’ordures sont obligés d’effectuer. En effet, les groupes de néo-nazis connaissent leur itinéraire. Et dans les rues les plus fréquentées, ils s’amusent à renverser les chariots des migrants. Un gâchis de temps pour ces derniers, qui doivent amener leur marchandise avant la fermeture du centre de récolte, prévue à 16h. Mieux vaut alors accumuler des kilomètres en choisissant des rues qui ne sont pas patrouillées par les supporter d’Aube dorée.

Cristina del Biaggio (texte), Alberto Campi (photo)