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Notre regard

Panos, membre engagé du collectif « Stop Evros Wall »

Alberto Campi, phojournaliste et Cristina Del Biaggio, géographe, ont effectué en juillet et août 2012, un voyage en immersion à la frontière gréco-turque, que les internautes ont pu suivre sur www.evrosborder.com. De leurs rencontres, ils ont ramené des images, des témoignages, des faits et des émotions, que l’on retrouve dans cette troisième « Carte postale légendée »

Retrouvez l’article sur la Grèce  publié dans Vivre Ensemble n°139

Une des première choses que Panos nous dit est: « Si vous parlez de moi, citez-moi comme étant le représentant d’un collectif ». Le collectif Stop Evros Wall, qui se bat contre le mur qui sera construit sur la frontière gréco-turque. Par politesse et par respect pour Panos nous le disons, donc, qu’il représente la voix d’un collectif.

Mais Panos n’est pas un membre comme un autre de ce collectif. C’est lui qui répond aux mails des journalistes qui viennent dans la région de l’Evros pour avoir des informations sur la situation des migrants. C’est lui qui met à jour le blog du collectif (http://stopevroswall.blogspot.gr/). C’est lui qui rencontre le collectif-frère, qui, de l’autre côté de la frontière, se bat avec les mêmes objectifs. C’est lui qui répond aux appels des avocats qui s’occupent des droits des migrants et les aide en mettant à disposition sa voiture ou des jouets pour les enfants que ses filles n’utilisent plus. C’est aussi lui qui nous a hébergés pendant notre deuxième séjour à Orestiada. C’est lui qui parfois se précipite, avant la fermeture de l’établissement le vendredi à 14 heures, vers la seule banque qui est autorisée à faire du change pour accompagner des migrants qui ont besoin d’euros pour acheter le ticket de train.

Panos est un homme qui se bat comme il peut contre le mur, pour les droits des migrants, pour faire en sorte que la situation dans les centres de détention soit un peu meilleure. Mais il se bat également contre l’indifférence de ses concitoyens. Et il est bien seul dans ce combat.

Dans la petite ville d’Orestiada, où il a grandi et où il habite, ils ne sont pas beaucoup à se soucier réellement du bien-être des migrants. La majorité est indifférente. Elle voit ces dizaines de personnes passer, traverser la ville, et la quitter aussitôt, par le premier train de 5h13 pour rejoindre Alexandroupoli. A Alexandroupoli il y a un autre train, qui les amène à Salonique, puis de Salonique à Athènes. 24 heures de voyage et un séjour de seulement quelques heures à Orestiada.

Les migrants passent. Panos reste. Et lutte. Il nous surprend par son optimisme. Ce sont peut-être ses deux petites filles qui lui donnent la force de continuer à lutter pour un meilleur avenir. Nous nous comprenons tout de suite. Nous partageons ses idées, son opinion. Le moment est peut-être venu, nous dit-il, que les gens qui ont 100 millions dans leur compte en banque, se contentent de 50 millions, pour que beaucoup d’autres puissent profiter de la richesse des quelques-uns. Ces « beaucoup d’autres » que Panos voit passer tous les jours sous ses yeux. Dans l’indifférence des autres.

Cristina del Biaggio (texte), Alberto Campi (photo)