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Documentation

Ouest France | Le désespoir des réfugiés érythréens en Italie

Les 50.000 Erythréens qui ont fui leur pays et trouvé refuge en Italie haussent le ton. Touchés au coeur par la tragédie de Lampedusa, ils demandent le respect du droit international.

Article de Mathilde Auvillain, publié dans Ouest France, le 2 novembre 2013. Cliquez ici pour lire l’article sur le blog de Mathilde Auvillain.

Photo: Mathilde Auvillain
Photo: Mathilde Auvillain

Le 21 octobre, la communauté Érythréenne est de nouveau descendue dans les rues de la capitale italienne. Hommes, femmes, enfants se sont réunis devant le Parlement, alors que se tenait à Agrigento la cérémonie de « commémoration » des 366 victimes du naufrage du 3 octobre. Les funérailles nationales pour les victimes de cette tragédie « sans précédent », promises par Enrico Letta lors de sa visite à Lampedusa n’ont jamais eu lieu. Une simple cérémonie a été organisée à la hâte, en l’absence des cercueils, mais en présence de l’ambassadeur d’Érythrée invité par le gouvernement italien, suscitant peur et colère parmi les réfugiés.

« C’est un contresens ! L’ambassadeur représente les autorités d’un pays que ces migrants ont fui au péril de leur vie !» s’indigne le père Mussie Zerai. Ce prêtre catholique, réfugié en Italie depuis 1992, dénonce les intimidations du régime d’Asmara envers les migrants et l’infiltration d’intermédiaires dans les structures d’accueil des réfugiés dans la Péninsule. « Le régime du président Issaias Afeworki cherche à identifier les migrants. Il faut savoir que des amendes très élevées sont imposées aux familles de ceux qui ont fui. S’ils ne peuvent pas payer on leur confisque la terre, ou on les jette en prison ». « Chaque mois, 4000 personnes fuient vers le Soudan, l’Ethiopie ou vers l’Europe » précise le prêtre catholique qui tient le compte précis des départs et des arrivées. Selon lui, 2.500 érythréens sont morts en mer entre 2010 et 2013 dans des naufrages non recensés. Don Mussie Zerai, a fondé en 2006 une association qui vient en aide aux naufragés. Il est peu à peu devenu figure de référence et porte-voix d’une communauté qui veut aujourd’hui sortir du silence.