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Sylvain Thévoz | Maudet sacrifiera-t-il Ayop pour montrer sa force?

Le sort d’Ayop semble désormais suspendu à la décision de Pierre Maudet qui a convoqué une conférence de presse pour le lundi 30 mars matin mais semble de plus en plus isolé. Anne Emery-Torracinta et Antonio Hodgers lui ont fait savoir leur opposition au renvoi d’Ayop et ont demandé que le Conseil d’Etat se réunisse pour en discuter. De nombreux PDC et même PLR font part de leur incompréhension face à l’entêtement de Maudet qui semble pourtant vouloir aller au bout de son abus d’autorité face à un jeune orphelin de 19 ans, grièvement blessé à la tête, témoin dans une procédure judiciaire dans le cadre de l’incendie des Tattes.

Texte de Sylvain Thévoz, publié sur son blog hébergé sur le site de la Tribune de Genève, le 29 mars 2015. Cliquez ici pour lire le texte sur le blog de la Tribune de Genève.

Une intense mobilisation citoyenne et politique

Depuis l’annonce du renvoi forcé, les manifestations et mobilisations se multiplient. Depuis jeudi, pas une journée sans actions. De nombreux contacts ont été pris à tous les niveaux politiques: municipaux, cantonaux, fédéraux. La Ville de Genève s’est positionnée, les associations oeuvrant dans le champ de l’asile se sont clairement exprimées. Pourtant Maudet, isolé, maintient contre toute raison à ce jour sa position: il faut expulser l’orphelin, se débarrasser du témoin.

Pourquoi expulser à tout prix l’orphelin ?

Pourquoi expulser à tout prix l’orphelin Ayop? Dans un billet précédant, j’exprimais le fait que l’Etat voulait se débarrasser d’un témoin gênant. Je crois maintenant qu’il faut y ajouter l’orgueil politique de Monsieur Maudet qui ne veut pas donner l’impression qu’il reviendrait sur une décision. Mais quel est la valeur d’un homme politique qui se prétend infaillible et s’affirme autiste face aux nombreuses sollicitations qui lui sont adressées?

On n’expulse pas un blessé

Comme on ne tire pas sur une ambulance, on n’expulse pas un blessé. Monsieur Maudet, militaire de carrière, devrait le savoir. Ayop est atteint dans sa santé physique et psychique. Les médecins reconnaissent qu’il souffre de troubles psychologiques liés à l’incendie des Tattes, à sa chute qui l’a blessé à la tête. Il suit un traitement pour éviter que sa santé se détériore. Et pour l’instant, ce traitement a été stoppé. Ce jeune homme de 19 ans, Genève s’apprête à le dégager au loin pour le faire disparaître. C’est une honte pour notre canton!

Maudet se cache derrière la Confédération

Maudet se cache derrière la Confédération et laisse entendre qu’il n’a pas le choix d’expulser. C’est faux! Ce sont les cantons qui décident qui ils font embarquer dans les avions. Il n’y a pas d’ordre nominatif de la Confédération d’expulser telle ou telle personne. Ce sont les cantons qui décident qui et quand ils expulsent. La Confédération, elle veut que les avions affrétés pour les renvois soient pleins, ceci pour des raisons économiques. Des vols spéciaux peuvent coûter jusqu’à 80’000.- et plus. Combien Monsieur Maudet est-il prêt à payer pour montrer qu’il est un homme intraitable?

Le Canton a plein pouvoir pour surseoir

Si Ayop figure sur la liste des expulsables Dublin établie par la Confédération, cette liste est récapitulative. Il ne s’agit pas d’un ordre fédéral d’expulsion. Les cantons sont seuls responsables des expulsions. Si Maudet choisissait de ne rien faire, il ne se passerait tout simplement… rien! Il n’y a pas de pénalité pour un canton qui, pour un motif humanitaire ou médical ne renvoie pas un requérant Dublin. Le requérant non expulsé reste inscrit dans le quota cantonal auquel il est déjà affecté et ne constitue pas une unité de plus ou une unité supplémentaire au quota. Vous pensez aux chiffres? Ce qui est coûteux, c’est d’expulser Ayop, pas de le garder. Monsieur Maudet a des portes de sorties. Mais à ce jour il a choisit de s’enfermer par peur de perdre la face.

Action citoyenne: lundi 30 mars à 9h pierre de Plainpalais 

Monsieur Maudet a fait de cette affaire une affaire personnelle. Il n’ose pas revenir sur sa décision d’expulsion de peur de perdre la face. Personne pourtant n’a le droit d’abuser de son autorité pour endommager la vie d’un être humain au nom de son statut politique. En tous les cas, aucun citoyen d’une démocratie ne doit laisser un homme abusant de son pouvoir en persécuter un autre.

Ce lundi matin 30 mars à 9h un rassemblement est prévu à la pierre de Plainpalais pour marquer notre refus face à cet abus d’autorité.

Si malgré la pression politique et celle de la rue, Monsieur Maudet maintient à tout prix l’expulsion d’Ayop, orphelin tchadien de 19 ans, n’ayant commis aucun crime si ce n’est de venir en Suisse y demander l’asile, y être victime d’un incendie, y être grièvement blessé à la tête, détenu contre sa volonté dans la prison de la Favra, nous devrons prendre note que Monsieur Maudet s’est placé éthiquement et moralement en position de hors-la-loi. Choisissant de sacrifier Ayop pour montrer sa force, il aura trahi son serment de servir Genève, une Genève de tradition humaniste, refuge des réfugié.e.s depuis la Réforme.