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Notre regard

Morts en Méditerranée | « On s’en fout? »

« On s’en fout? » Le Petit Journal de Canal + rappelle en image les mots, émotions, et actions ayant accompagné les tragédies survenues en Méditerranée cette semaine, mais qui n’ont été qu’une reproduction d’événements similaires par le passé, traités avec les mêmes mots, émotions et (non) actions…

Une façon de souligner l’hypocrisie de l’Europe. La solution n’est certainement pas -contrairement à ce que dit l’un des journalistes- de renforcer le budget de Frontex, qui est, rappelons-le, une organisation de contrôle des frontières (et non de sauvetage) -voir Claire Rodier | Le contrôle des frontières, un mirage aux enjeux humains et financiers. A lire le plan d’urgence en 10 points qui sera discuté jeudi à Bruxelles en sommet extraordinaire, on voit d’ailleurs qu’il est davantage question de « contrôle » et de guerre contre les migrations que de sauver et de venir en aide aux migrants…

Coi-dessous les détails du plan d’urgence (à lire sur le site de la Commission européenne):

  • Renforcement des opérations de contrôle et de sauvetage Triton et Poséidon mises en oeuvre par Frontex, l’agence européenne de contrôle des frontières, en augmentant leurs moyens financiers et matériels. Leur champ d’action, actuellement limité aux eaux territoriales des pays de l’UE, doit être élargi, éventuellement aux eaux territoriales des pays de transit, comme la Libye.
  • Confiscation et destruction des embarcations utilisées pour transporter les migrants, à l’image de l’opération Atalanta de lutte contre la piraterie somalienne au large de la Corne de l’Afrique.
  • Coopération accrue entre les organisations EUROPOL, Frontex, EASO et EUROJUST pour réunir des informations sur les modes opératoires des trafiquants.
  • Déploiement d’équipes du Bureau européen de soutien à l’asile (EASO) en Italie et en Grèce pour aider à la gestion des demandes d’asile et à leur harmonisation.
  • Prise systématique des empreintes digitales de tous les migrants à leur arrivée sur le territoire des Etats membres.
  • Examen des options pour une répartition plus équitable des réfugiés entre les Etats membres de l’UE.
  • Programme de réinstallation dans les pays de l’UE de personnes ayant obtenu le statut de réfugié auprès du Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR). Les Etats membres sont invités à participer à ce programme sur une base volontaire. Aucun chiffre n’est cité dans la proposition. Mais selon la Commission, il devrait bénéficier à 5.000 personnes initialement.
  • Programme pour les renvois rapides des candidats à l’immigration non autorisés à rester dans l’UE. Il sera coordonné par Frontex, avec les Etats membres en première ligne pour les arrivées en Méditerranée.
  • Action avec les pays voisins de la Libye pour bloquer les routes utilisées par les migrants. Le Niger est un des pays de passage et la présence européenne devra y être renforcée.
  • Envoi d’officiers de liaisons pour l’immigration au sein des délégations de l’UE dans un certain nombre de pays tiers. Ils seront chargés de collecter des informations sur les flux migratoires.

En 2011, une trentaine d’associations appelait déjà l’Europe à mettre en place les moyens de prévenir les morts en Méditerranée. Il y a eu Mare Nostrum. Et aujourd’hui Triton. Et des milliers de morts…

Sophie Malka