Arte | L’Erythrée, Etat-prison que l’on cherche à fuir
4000. C’est le nombre de personnes qui fuient, chaque mois, l’Erythrée selon l’ONU. Cet Etat à peine plus grand que l’Angleterre, situé dans la Corne de l’Afrique, ne fait que rarement l’actualité. Pour cause: l’ordre règne dans ce pays dirigé depuis 22 ans par Issayas Afeworki, qui réduit toute voix contestataire au silence. Seuls ceux qui ont fui, et rejoint l’Europe, livrent aujourd’hui des témoignages de cette dictature qui parvient à détrôner la Corée du Nord dans le palmarès des pays les plus répressifs.
Pour Léonard Vincent, ces Erythréens ne sont pas « des migrants », mais « des évadés ». Ce journaliste, ancien responsable du bureau Afrique de Reporters sans frontières, a consacré un livre à ce pays où chaque adolescent, garçon ou fille, se retrouve enrôlé dès ses 17 ans. Un service militaire obligatoire, durant lequel l’armée décide du métier et de l’emploi du temps de chaque citoyen, jusqu’à ses 50 ans. Seule échappatoire: fuir avant l’âge limite. Pour cela, il faut éviter les champs de mines aux frontières de l’Etat, et les patrouilles qui ont l’ordre de tirer à vue. Les moins chanceux, stoppés dans leur élan, atterrissent dans les nombreuses geôles de cet Etat-prison: des hangars à la périphérie des villes, des cellules de 3 m2, où chaque détenu est astreint au silence et à l’isolement, ou, encore, des containers situés en plein désert, où pour survivre à la chaleur, les prisonniers doivent à tout prix éviter de s’allonger sur le sol.