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Documentation

Le Courrier | Nouvelles violences policières dénoncées contre un No Bunkers

Un requérant aurait été giflé et roué de coups au poste du Grand-Lancy vendredi. L’Inspection générale des services sera saisie.

Article de Rachad Armanios, publié dans Le Courrier, le 29 septembre 2015. Cliquez ici pour lire l’article sur le site du Courrier.

Le collectif No Bunkers affirme que, vendredi dernier, H., un requérant d’asile dont la demande est en cours de traitement, a subi des violences policières ainsi que des intimidations. Ces violences présumées, à l’encontre d’un membre du collectif, interviennent alors qu’on apprenait dimanche que le chef de la Sécurité Pierre Maudet a porté plainte contre un militant de No Bunkers pour calomnie (notre éditorial d’hier). Ce dernier avait affirmé que le magistrat avait «orchestré des intimidations policières et le passage à tabac d’un migrant». Référence à Mohamed E., requérant débouté ayant passé quarante-six jours en grève de la faim et s’étant, selon la police, blessé tout seul lors de son arrestation.

Selon Mathilde*, du collectif No Bunkers, H. a été interpellé vendredi dans le quartier de Saint-Gervais vers 13h30. Un policier serait resté dans la voiture de police, tandis que les deux autres auraient violemment plaqué le requérant au sol, avant de le menotter. Une arrestation «sans aucune raison», affirme la militante. Le trentenaire, originaire du Maghreb et en Suisse depuis environ un an, a ensuite été emmené au poste du Grand-Lancy. Là, il aurait été interrogé de façon «musclée», notamment à propos de sa participation au mouvement No Bunkers. «Tu es ici pour l’asile ou pour la politique?» se serait-il vu demander. «Pourquoi étais-tu à la manif contre Blocher? Tu sais qui c’est au moins Blocher?» L’homme, selon le collectif, reçoit aussi de multiples gifles, puis, après être tombé de sa chaise, aurait été roué de coups de pied au dos, sous les yeux de sept autres policiers présents dans la salle.

Le requérant aurait ensuite été emmené à l’abri PC de La Gabelle où il est hébergé. Son casier y aurait été fouillé et deux tracts de No Bunkers découverts, dont un faisant état du «passage à tabac» dont Mohamed E aurait été victime. Retour au poste, où l’homme aurait été mis en cellule. Un policier lui aurait à ce moment dit que la lutte qu’il mène ne sert à rien, qu’elle ne lui apportera que des ennuis et d’autres arrestations comme celle qu’il est en train de vivre. Il aurait affirmé: «Tu devrais dire à tes compatriotes de se tenir tranquilles.» A 17h30, H., qui avait déjà été emmené durant une heure au poste de la gare de Cornavin la veille, est relâché sans aucune inculpation.

La police des polices sera saisie

Le soir, H. s’est rendu à l’hôpital, mais sans songer à faire prouver les violences, selon Mathilde. D’ailleurs, elle affirme que seules des égratignures sont visibles, l’homme souffrant de douleurs inflammatoires au niveau de la colonne vertébrale et s’est vu prescrire des antidouleurs. L’homme aurait par ailleurs renoncé à porter plainte, persuadé que la parole d’une personne sans titre de séjour ne pèse rien par rapport à celle de policiers.

La police, de son côté, dit prendre ces accusations très au sérieux. «Etant donné que des agents sont mis en cause, l’Inspection générale des services sera activée», déclare le porte-parole Jean-Philippe Brandt. En attendant, la police va chercher à identifier qui est H., quels policiers sont mis en cause, etc., et ne veut dans l’intervalle faire aucun commentaire face à des accusations «particulièrement lourdes».

Le collectif, dans son communiqué, affirme que les intimidations ne font que renforcer son combat. Quant à la plainte déposée par le conseiller d’Etat Pierre Maudet, No Bunkers ne veut pas la commenter.

*Identité connue de la rédaction.