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Notre regard

Syrie | Catastrophe humanitaire

 « Avec la fuite en exil d’un million de personnes, des millions d’autres déplacés internes et des milliers de personnes qui continuent à traverser les frontières chaque jour, la crise syrienne dérive toujours plus vers une catastrophe à grande échelle  »

Antonio Guterres, Haut-commissaire aux réfugiés des Nations unies, mars 2013

Données socio-démographiques

Pays: Syrie
UNHCR01Capitale: Damas
Population: 20, 4 millions
Langues officielles: arabe (90%), autres langues (10%) : kurde, arménien, araméen
Communautés religieuses: Musulmans (90%): sunnites 74% / chiites 16% (alaouites (12%), druzes (3%), ismaéliens (1%)) Chrétiens (10%): grecs orthodoxes, maronites, chaldéens
Ethnies: Arabes 89%, Kurdes 6%, Arméniens 2%, autres (Tcherkesses, Assyriens, 3%)

Les réfugiés syriens

Fin 2011, la République arabe syrienne se rangeait comme le troisième pays d’accueil des réfugiés dans le monde (après le Pakistan et l’Iran), déclarant plus de 750’000 réfugiés irakiens sur son territoire.  (HCR, Tendances mondiales 2011, juin 2012).

Le 12 mars 2013, le HCR, dénombrait 1 100 579 Syriens enregistrés comme réfugiés ou qui reçoivent de l’aide. Ce chiffre comprend 340 524 réfugiés syriens en Jordanie, 339 187 réfugiés syriens au Liban, 258 200 en Turquie, 110 663 en Iraq, 43 743 en Egypte et 8 262 dans d’autres parties de l’Afrique du Nord. (HCR, point de presse, 12 mars 2013)

Les réfugiés syriens en Suisse

Demandes d’asile syriennes déposées en Suisse en 2010 (469), 2011 (826) et 2012 (1229)
Cas réglés en 1ère instance en 2012 = 610, dont:

  • Décisions positives : octroi de l’asile =184, admissions provisoires *=205
  • Décisions négatives : Rejets = 8, non-entrées en matière : 168 (dont 165 NEM Dublin **)

*La Suisse compte les admissions provisoires comme des décisions négatives
** Une NEM Dublin signifie que la demande doit être examinée par un autre Etat  signataire de l’Accord de Dublin[/box]

Catastrophe humanitaire

Deux ans après le début des révoltes populaires, la situation politique et sécuritaire de la Syrie s’est largement détériorée. La révolte des Syriens pour davantage de liberté s’est transformée en un conflit interne sans fin et sanglant. D’une part, une armée liée au régime de Bachar el-Assad prête à tout pour défendre une élite politique au pouvoir, quitte à bombarder sa population. De l’autre, une opposition divisée, formée de groupes politiques, anciens dissidents, intellectuels, au sein de laquelle les islamistes cherchent à se tailler la part du lion. Réunie fin 2012 sous la bannière de la Coalition nationale des forces de l’opposition et de la révolution syrienne, elle est reconnue comme interlocutrice par plusieurs Etats, dont les Etats-Unis. En février, son chef, le savant et prédicateur islamique cheikh Ahmad Moaz Al-Khatib a rencontré le chef de la diplomatie russe. Fin mars, Ghassan Hitto, issu des frères musulmans, était élu premier ministre intérimaire des territoiressyriens aux mains de la rébellion.

Syria girl
« Au bout d’un certain temps, ils ont commencé à bombarder les villes et les villages … L’armée du régime a mis un char à l’intérieur de ma maison. Ils ont défoncé les murs et écrasé les piliers. Il ne reste rien de notre maison. Nous avons fui dans un autre village, mais on s’est retrouvé sous un violent bombardement, alors j’ai pris les enfants – ils avaient très peur des bombardements – et je les ai amenés à Aarsal au Liban « , raconte le père d’une famille de huit enfants.
Témoignage rapporté par MSF. Les civils paient un lourd tribut aux combats et attentats que se livrent forces gouvernementales et forces d’opposition, notamment emmenées par l’Armée libre de Syrie, formée en 2011 par des déserteurs de l’armée.

Exécutions, violences à l’encontre des femmes et des enfants, attaques aveugles alourdissent un bilan déjà élevé de perte de civils.   La Commission d’enquête de l’ONU sur les crimes commis en Syrie fait état de violations massives des droits de l’Homme par les deux parties et dénonce des pratiques de crimes de guerre  et de crimes contre l’humanité.
La situation sanitaire est alarmante. Le système médical s’est effondré et les hôpitaux encerclés par les forces de sécurité sont devenus la cible des attaques. Selon MSF, les médecins sont vus comme des « ennemis du régime » s’ils soignent des blessés. La Syrie s’est vidée d’une structure de santé jadis efficace. Aujourd’hui, fournir des médicaments est synonyme de résistance. En outre, aucun accord humanitaire entre les différentes factions n’a été discuté, ce qui empêche l’aide d’être efficacement distribuée.
Jadis une terre d’asile pour les réfugiés palestiniens (1948) et irakiens (2003), la Syrie n’est aujourd’hui plus en mesure d’assurer la protection de ces populations réfugiées et se vide de sa population. Selon le HCR, environ la moitié des réfugiés sont des enfants, la majorité d’entre eux sont âgés de moins de 11 ans.

ALEXA MEKONEN

Définitions

Crimes de guerre:

Violations graves du droit international humanitaire commises à l’encontre des civils ou des combattants ennemis à l’occasion d’un conflit armé international ou interne.

Crimes contre l’humanité:

Art.7 du Statut de Rome de la CPI: lorsque des actes tel que le meurtre, l’extermination, le viol, la persécution et tous autres actes inhumains de caractère analogue causant intentionnellement de grandes souffrances ou des atteintes graves à l’intégrité physique ou à la santé physique ou mentale sont commis dans le cadre d’une attaque généralisée ou systématique lancée contre toute population civile et en connaissance de cette attaque.

Sources de l’article

Voir aussi: